COLONEL CHARLES- ÉDOUARD BEAUDRY

1940-46

La carrière du Colonel Monseigneur Charles-Édouard Beaudry dans l’armée canadienne s’étendu de 1940 à 1957.
Né à Joliette le 10 février 1904, il était le fils de Joseph Beaudry et de Hermine Ducharme. Après des études au Séminaire de Joliette, il fit ses études théologiques au Grand Séminaire de Montréal et étudia également en économie sociale et politique.
Il fut ordonné prêtre le 2 juin 1928 à Montréal, par Monseigneur Georges Gauthier, évêque auxiliaire de Montréal.
Dès juin 1940, Charles-Édouard Beaudry, alors Capitaine, s’était joint au 2e Bataillon des Fusiliers Mont-Royal, alors commandé par le Lieutenant-colonel Gustave Massue. Passé outre-mer, c’est lui et quelques autres qui eurent la triste tâche de recueillir, le 20 août 1942, à Newpond Common, en Angleterre, les objets laissés derrière eux par les centaines de Fusiliers tués, blessés ou faits prisonniers la veille lors du raid de Dieppe.
Le 27 octobre 1942, le Capitaine Charles-Édouard Beaudry succéda au Capitaine Armand Sabourin comme aumônier du 1er Bataillon des Fusiliers Mont-Royal que le Lieutenant-colonel Guy Gauvreau était à reconstituer en Angleterre.
Le padre Beaudry devait raconter plus tard : « Quand je suis arrivé au Camp des Fusiliers, le lendemain du raid de Dieppe, le camp n’avait pas été nettoyé. Il y avait des cadrans qui fonctionnaient encore. C’était lugubre et épouvantable. Les pyjamas et les pantoufles étaient là comme si les gars étaient partis prendre une marche. C’était l’impression qu’on avait. C’était funèbre, car on ne savait pas si le gars était mort ou prisonnier ».
En août 1944, Marcel Desjardins, alors correspondant de guerre pour les journaux francophones abonnés à l’agence Presse Canadienne lui consacra un article, ainsi qu’au Capitaine Guillaume Soucy, alors le médecin régimentaire des Fusiliers Mont-Royal, suite aux combats sanglants de Normandie.
Desjardins écrivait alors : « Plus d’une fois, le sympathique padre avait dû plonger dans la tranchée la plus proche devant, malgré lui, interrompre le flot de paroles encourageantes qu’il ne cessait de débiter à ses ouailles en kaki ».
Le Capitaine Beaudry avait alors montré avec orgueil à Maurice Desjardins la chaise normande qu’il avait reçu en cadeau du maire d’un petit village normand. Il l’avait remisée dans le camion du Docteur Soucy. Mais comme les blessés à arriver, il fallut faire de la place, car c’est à l’intérieur du camion que se donnaient les premiers soins. On transforma donc la précieuse chaise en escabeau pour les blessés. Le padre y tenait beaucoup car elle constituait pour lui, en quelque sorte, un souvenir de la première bataille menée par les Fusiliers Mont-Royal durant la campagne de Normandie.
Comme on peut lire dans l’histoire régimentaire que les Fusiliers ont publié à l’occasion de leur centenaire en 1969, « Le padre Beaudry restera longtemps avec les Fusiliers Mont-Royal auxquels il se rendra cher par un dévouement de tous les instants consacré non seulement les besoins spirituels mais à leur bien-être physique. On ne comptera pas les services qu’il aura rendus à ses « paroissiens » et à leurs familles. La contagieuse bonne volonté du padre sera un des plus puissants facteurs d’harmonie et de fraternelle entraide au sein de cette nouvelle unité qui renaît des cendres de l’ancienne. »
À son retour au pays, il est nommé Aumônier-chef des Forces canadiennes le 16 juin 1946 avec le grade de Lieutenant-colonel. Durant cette période vécue à Ottawa et pour les années à venir, il se battra de toutes ses forces pour l’établissement de chapelles sur toutes les bases militaires à travers le pays.
Le 10 mars 1948, l’Église l’élève au rang de Prélat domestique avec le titre de Monseigneur.
Le 10 juin 1949, il est nommé Vicaire-général de l’Armée canadienne.
Le 24 février 1950, les Fusiliers Mont-Royal fêtent leur aumônier, devenu le Colonel Monseigneur Charles-E. Beaudry, pour sa nomination en tant qu’Aumônier catholique principal au quartier-général de la Défense à Ottawa.
Le 26 juin 1952, il devient Vice-chancelier de l’Ordinariat Militaire du Canada, ayant alors à sa tête Monseigneur Maurice Roy, futur Cardinal et Archevêque de Québec.
En février 1954, le Colonel Monseigneur Charles-Édouard Beaudry devient Directeur général de l’aumônerie, poste qu’il occupe jusqu’à sa retraite des Forces armées canadiennes en 1957.
Il alors nommé curé de la paroisse Sainte-Cécile de Montréal, poste qu’il quittera en novembre de la même année.
Le 8 juillet 1959, il est nommé curé de la paroisse Saint-Enfant-Jésus, à Pointe-aux-Trembles.
Le 9 mai 1961, il est nommé aumônier du Commandement provincial de la Légion canadienne, sans préjudice à ses fonctions de curé.
Le 3 janvier 1979, il démissionne de son poste de curé de la paroisse Saint-Enfant-Jésus de Pointe-aux-Trembles pour raisons de santé.
Pendant les trois années suivantes, il devra aller passer des examens médicaux à Ottawa et à chaque fois, le Général Jacques Dextraze, chef d’État-major des Forces armées canadiennes l’enverra chercher dans sa voiture officielle.
Le 16 février 1982, le Colonel Monseigneur Beaudry sera transféré au Rideau’s Veterans Home à Ottawa. S’y ennuyant beaucoup de ses « p’tits gars », il obtint, grâce au Lieutenant-colonel Gilles Bissonnette, son transfert à l’Hôpital de Sainte-Anne-de-Bellevue pour les vétérans.
Il meurt le 12 août 1986 à l’âge de 82 ans. Ses funérailles avec les honneurs militaires sont présidées par Monseigneur Jude Saint-Antoine, évêque- auxiliaire de Montréal et c’est l’aumônier d’alors des Fusiliers Mont-Royal, le Capitaine Jacques Guilbault qui prononça l’homélie.

Décoration