ALDRIC OUIMET
Lieutenant-colonel Joseph-Aldric Ouimet
Le lieutenant-colonel Joseph-Aldric Ouimet est passé à l’histoire des Carabiniers Mont-Royal en tant que commandant du régiment lors de l’expédition du Nord-Ouest. Ce que l’on sait moins, c’est que Ouimet, tout comme d’ailleurs le lieutenant-colonel Amyot, qui commandait les Voltigeurs de Québec, l’autre régiment québécois engagé dans cette expédition, était député conservateur à l’époque et mena une brillante carrière de politicien, juriste et homme d’affaires.
lcol ouimet
Les militaires, en principe, ne doivent pas s’occuper de politique partisane et obéir au gouvernement légitime en place, quel qu’il soit. Il y a bien sûr des exceptions. Ainsi Paul Sauvé commanda le régiment en Normandie alors qu’il était député à Québec, mais la situation était exceptionnelle : le pays était en guerre. Par la suite, avant de devenir brièvement premier ministre du Québec, il fut brigadier général de réserve, alors qu’il était ministre dans le cabinet Duplessis. Mais l’armée dépend du pouvoir fédéral et, officiellement à tout le moins, Sauvé ne s’occupait pas de politique fédérale.
Mais il n’en fut pas toujours ainsi. Au début de la Confédération, la plupart des lieutenants-colonels de milice étaient députés et, bien sûr, du parti au pouvoir. C’est ainsi que lorsque John A. Macdonald, chef du parti conservateur, eut repris le pouvoir à Ottawa, tous les postes clefs de la milice durent revenir au conservateur et le commandant des Carabiniers Mont-Royal du temps, le lieutenant-colonel Labranche, dut démissionner et céder son poste au colonel J,-Aldric Ouimet.
Joseph Aldric (et non Aldéric comme il est souvent écrit) Ouimet, était un ancien officier des Chasseurs canadiens. Natif de Sainte-Rose, maintenant un quartier de la ville de Laval, son père était juge de paix. Il étudia au Séminaire de Sainte-Thérèse puis, au Victoria College, de Cobourg en Ontario où il prépara le droit. Admis au Barreau en 1870, il fit ses débuts dans la politique en 1874, en tant que commissaire d’écoles à Montréal. Parallèlement, il devint directeur de la Banque d’Épargne de la cité et du district de Montréal et du Crédit foncier franco-canadien et nommé Conseiller de la Reine (C.R.)
Élu pour la première fois à la Chambre des Communes, en tant que député de Laval en 1873, sous la bannière conservatrice, il fut réélu successivement en 1874, 1878, 1882, 1887 et 1891. Le 13 avril 1887, il fut nommé président de la Chambre des Communes (on disait orateur ou speaker à l’époque) et, en 1892, il accéda au cabinet fédéral en tant que ministre des Travaux publics. Au début de 1895, il quittait la politique pour devenir juge à la Cour du Banc de la Reine. En 1908, il tenta sans succès un retour en politique et décida ensuite de se consacrer à la finance, assumant la présidence de la Banque d’épargne de la cité et du district de Montréal, jusqu’à son décès, en 1916. Il fut également président de la National Real Estate and Investment Company of Canada et de la Société d’agriculture de Laval ainsi que membre du conseil d’administration de la Compagnie d’assurance sur la vie, dite des Manufacturiers et de la Société d’administration générale. Homme accompli, il participa également à la Citizen’s Association of Montreal, au Club Cartier et à la Ligue antialcoolique de Montréal. Grand sportif, il aimait la chasse et le yachting et fut président de la Dominion Rifle Association.
Pierre Vennat
Portrait Aldric Ouimet