Même s’il ne séjourna pas longtemps aux Carabiniers Mont-Royal, alors unité de réserve, notre régiment peut s’enorgueillir dans la personne de Louis-François Lessard de son premier major général à une époque où c’était le rang le plus élevé qu’un Canadien français pouvait obtenir au sein de l’armée canadienne.

En fait, non seulement Louis-François Lessard, militaire de carrière, fut-il le militaire canadien-français le plus élevé en grade de son temps, mais il fut le seul officier supérieur canadien-français au sein de l’état-major avant la Première Guerre mondiale avec le poste d’adjudant général de la milice canadienne de 1907 à 1912.

Natif de Québec, son père occupait le poste de secrétaire de la Société permanente de construction de Québec Après ses études à l’Académie commerciale de Québec, il passa quelques années dans les affaires, avant de se consacrer à la carrière des armes.

En 1878, il s’enrôla comme simple milicien dans le Quebec Volunteer Militia Cavalry Squadron. Deux ans plus tard, il fut admis en tant qu’officier à la School of Gunnery (B Battery, Garrison Artillery). Déménagé un temps à Montréal, c’est alors qu’il se joignit aux Carabiniers Mont-Royal pour un bref séjour dans l’infanterie et l’armée de réserve avant de passer au Cavalry School Corps (Royal Canadian Dragoons), une des premières unités à faire partie de l’armée canadienne permanente naissante.

Son ascension fut alors fulgurante. Parti en campagne pour la première fois pendant la rébellion du Nord-Ouest en 1885, sa tâche se limita à protéger les lignes d’approvisionnement et son unité de cavalerie ne fut jamais exposée au feu. Une fois la campagne du Nord-Ouest terminée, il demeura au sein de la cavalerie pour se voir nommé inspecteur de la cavalerie du Canada et promu lieutenant-colonel.

C’est avec ce grade qu’on l’envoya en Afrique du Sud lors de la Guerre des Boers où il fut affecté à l’état-major du commandant de la cavalerie impériale, participa à certains engagements avant d’être promu commandant du Royal Canadian Dragoons qu’il dirigea au cours de pas moins de 27 engagements sur le front sud-africain.

Sa participation à la Guerre des Boers favorisa sa carrière et il fut intronisé Compagnon de l’Ordre du Bain. De retour au Canada, il reprit ses fonctions d’inspecteur de la cavalerie, fui promu colonel et nommé adjudant général de la milice. En 1911, on le nomma brigadier général et en 1912, major général.

Toutefois, lorsque la Première Guerre mondiale éclata, ses différents avec le ministre Sam Hughes firent qu’on ne lui confia pas un commandement au front comme il aurait désiré. Nommé inspecteur général de la milice de l’Est du Canada, on l’envoya outre-mer six mois en 1916 pour faire rapport sur l’instruction au sein des forces canadiennes. Puis, on le nomma responsable du recrutement des Canadiens français et c’est finalement à lui qu’Ottawa s’adressa pour rétablir l’ordre à Québec, lors des émeutes de Pâques 1918, au plus fort de la crise de la conscription.

Pierre Vennat