LIEUTENANT-COLONEL PAUL TRUDEAU

3e Bataillon

1942-1943

Le 21 mai 1942, les Fusiliers Mont-Royal recevaient l’ordre de former un 3e Bataillon pour service actif. Le 6 juin, le Lieutenant-colonel Trudeau, qui s’était joint au Régiment en 1927 et avait accompagné le Régiment en Islande et en Angleterre pendant deux ans, avant d’être rapatrié pour prendre pendant quelque temps le commandement des Fusiliers de Sherbrooke en même temps qu’il était promu Lieutenant-colonel.

Dans la vie civile, Trudeau, autre diplômé du Collège Mont-Saint-Louis à atteindre un grade supérieur dans l’armée, avait notamment été le président fondateur de la célèbre chorale montréalaise « Les Petits Chanteurs du Mont-Royal ».

Le Lieutenant-colonel Trudeau prit officiellement le commandement du nouveau Bataillon le 8 juin 1942. Le surlendemain, Trudeau rencontra les officiers du 2e Bataillon, en présence du Colonel Paul Grenier, du Major Guindon et du Brigadier général J. Leclaire.

Le 16 juin, le nouveau Bataillon accueillit son nouveau Sergent-major régimentaire René Dagenais et le 23, tous les officiers du Bataillon, sauf trois, partirent pour le Camp de Farnham afin de s’entraîner avec le Bataillon de réserve, tandis que le 30, Trudeau réunissait un comité civil destiné à venir en aide à l’organisation du nouveau Bataillon.

En juillet 1942, le Bataillon s’installa dans des baraquements sur le terrain de la Montreal Amateur Athletic Association à Westmount, près des voies du Canadien Pacifique. Jusqu’à la fin d’août, on procéda à un entraînement de base tout en devant faire fréquemment la chasse aux rats qui infestaient l’endroit. Mais heureusement, le Lieutenant-colonel Trudeau réussit rapidement à convaincre ses hommes du culte de la propreté et, en très peu de temps, ces baraquements eurent un aspect net et militaire convenable.

Puis, après un séjour d’un mois à Farnham en août, le Bataillon prit le chemin de Valcartier en septembre. Plusieurs jours de pluie y accueillirent le Bataillon dans un champ transformé en bourbier.

Malgré le froid intense et l’accumulation de neige de l’hiver 1942-43 à Valcartier, on réussit à créer chez les officiers et chez les hommes cet esprit de corps qui a toujours distingué les Fusiliers Mont-Royal des autres régiments. On surmonta les épreuves de l’hiver, y compris un incendie qui, à la veille de Noël, par une température sibérienne, détruisit le mess des officiers et les provisions qu’on y avait accumulées. Sur l’air de Cadet Roussel, le bataillon s’était d’ailleurs donné une chanson régimentaire de pas moins de 13 couplets, intitulée fort justement « Mon régiment… »

L’entraînement se poursuivit tout l’hiver, la corvée de neige remplaçant la culture physique plus souvent qu’autrement. Lorsque le froid rendait le maniement d’armes impossible, on se livrait à diverses manœuvres et on faisait des marches forcées comme au printemps, où les hommes du Bataillon entreprirent une grande marche de Valcartier à la Malbaie.

Aux inspections du samedi matin, on pouvait constater d’incessants progrès : la tenue des hommes, la précision des mouvements, la propreté des vêtements, de l’équipement et des chambrées, tout cela dénotait une organisation qui faisait honneur au Régiment qui, en compagnie du 3e Bataillon du Régiment de Maisonneuve et du Régiment de Lévis faisait partie de la 21e Brigade, alors commandée par le Brigadier général Georges Francoeur.

Au début d’août 1943, le Bataillon quitta Valcartier pour se rendre à Debert, en Nouvelle-Écosse, où ils voisinaient avec les Fusiliers de Sherbrooke et devaient surtout entreprendre un entraînement tactique. C’est là que le Sergent-major régimentaire René Dagenais se mérita la Médaille de l’Empire britannique (BEM) pour son excellent travail.

Mais la fin approchait. Un dimanche matin, le Brigadier général Arthur R. Roy annonça au Major Yves Bourassa et 13 autres officiers qu’ils étaient mutés aux Fusiliers de Sherbrooke, commandés par le Lieutenant-colonel Aimé Biron et le 15 octobre 1943, le 3e Bataillon des Fusiliers Mont-Royal était licencié officiellement.

Ce coup de matraque inattendu consterna les hommes qui n’y comprenaient rien.

La vérité était que la guerre avait changé de visage en Europe et en Afrique. Il y avait eu Stanlingrad, El Alamein et bientôt, on s’apprêtait à débarquer en Europe. Dans le Pacifique, les Américains avaient repris l’initiative pour ne plus la perdre. On avait pu craindre, en 1941, pour la sécurité du territoire canadien et on avait eu recours au service militaire obligatoire pour en assurer la défense éventuelle. La mesure ne s’imposait plus à l’automne 1943 et on tenait à récupérer le plus tôt possible les précieux officiers et sous-officiers dont en avait un pressant besoin pour encadrer les renforts destinés aux unités d’outre-mer.

Le Lieutenant-colonel Trudeau fut nommé à la tête des Fusiliers de Sherbrooke en remplacement du Lieutenant-colonel Aimé Biron et le Major Yves Bourassa fut nommé son adjoint avant d’être muté, à l’automne de 1944, au Collège d’état-major de Kingston.

Décoration