CAPITAINE JOSEPH-JEAN GOULET (1870-1951)

CHEF DE MUSIQUE PENDANT PLUS DE 40 ANS (1909-1950)

La fanfare des Fusiliers Mont-Royal est sans doute la seule à avoir été dirigée pendant quarante ans par le même homme. Et par n’importe lequel ! Le capitaine Joseph-Jean Goulet dirigea en effet notre fanfare régimentaire à compter de 1909 et ne quitta son poste qu’à la veille de son décès, en 1951, à l’âge de 81 ans.

Invité par Ernest Lavigne à venir s’établir au Canada, Joseph-Jean Goulet est arrivé à Montréal en 1891, à l’âge de 21 ans. En quittant Liège, sa ville natale, ce jeune violoniste belge, qui dès l’âge de 14 ans avait remporté le premier prix de solfège, de théorie et d’harmonie au Conservatoire de Liège, abandonnait une carrière de premier violon de musique de chambre au Conservatoire de Liège. Il avait pris la décision de poursuivre sa carrière dans la métropole, au sein de l’orchestre du Parc Sohmer Ernest Lavigne. Ce fut alors le prélude d’une longue et fructueuse carrière.

De 1893 à 1895 on retrouve Joseph-Jean Goulet chef d’orchestre à l’Opéra français, d’autre part, il fut simultanément violon solo au sein de l’Orchestre symphonique de Montréal sous la direction de Guillaume Couture (1894-1896). Au départ de celui-ci, les musiciens se regroupèrent et firent renaître l’Orchestre symphonique de Montréal : J.-J. Goulet en assuma alors la direction artistique de 1898-1919.

En 1910, J.-J. Goulet prit la direction du CORPS DE MUSIQUE DE LA TEMPÉRANCE DE LA PAROISSE SAINT-PIERRE-APÔTRE, mieux connu sou le vocable de la BANDE DE LA TEMPÉRANCE. Décidant de faire peau neuve, l’orchestre échangea habit galonné et casque à plumes contre un uniforme bleu marine, très sobre. Ce fut aussi le moment de procéder à un autre changement : désormais, le groupe s’appela « L’ALLIANCE MUSICALE ».
Sous l’égide de J.-J. Goulet, « cet ensemble franchit un pas décisif vers le statut professionnel » ainsi que le rapporte Wilfrid Pelletier dans son livre : « Une symphonie inachevée », paru chez Leméac, p.34).

Suite à la demande que fit le 65e Régiment auprès du comité de direction de « L’ALLIANCE MUSICALE », cette harmonie devint le corps de musique officiel de l’unité, dès lors, « L’ALLIANCE MUSICALE » parada régulièrement avec le régiment si bien que, avec les années, le groupe fut intégré à l’effectif régimentaire.

De 1919 à 1921, soit après la première grande guerre, un orchestre symphonique dirigé par J.-J. Goulet donnait un concert entre la projection du premier et du deuxième film au programme au théâtre Impérial, rue de Bleury.

Si pendant quatre décennies, le nom de Joseph-Jean Goulet fut synonyme de musique militaire et de fanfare, il fut beaucoup plus que cela. En plus de diriger la musique des Fusiliers Mont-Royal, lors d’imposants cortèges ou au cours des concerts populaire dans les parcs, le capitaine J.-J. Goulet multiplia les activités musicales tout en consacrant une grande partie de sa vie à l’enseignement de la musique. Il fut professeur de violon au collège Mont-Saint-Louis en plus d’assumer la direction musicale de l’harmonie et de l’orchestre de l’institution et d’y monter des opéras comiques.

À partir des années 1920, monsieur Goulet fut, successivement, maître de chapelle à la paroisse Saint-Joseph, (rue Richmond) une des paroisses huppées de l’époque, à Notre-Dame-du-Très-Saint-Sacrement (av. Mont-Royal) et à la basilique Notre-Dame. Il fonda, en 1936, l’ensemble symphonique « LES DISCIPLES DE MOZART » qu’il dirigea jusqu’en 1951.

Le capitaine J.-J. Goulet dirigea la classe de solfège du Monument National pendant de nombreuses années. Et comment passer sous silence les cours de solfège qu’il a lui-même donnés, à l’école Olier, jusqu’à l’âge de 79 ans ! Ces cours du soir, mis en place par le Gouvernement du Québec, s’adressaient aux adultes, hommes et femmes, qui voulaient s’initier au chant et à la musique.

En 1930, J.-J. Goulet avait été intronisé chevalier de l’ordre de Léopold II par la Belgique, Officier d’Académie par le gouvernement français la même année et décoré par l’armée canadienne pour ses bons services en 1938. C’est à lui que l’on doit la célèbre marche militaire « WILFRID PELLETIER », jouée pour la première fois en 1935, en l’honneur du célèbre chef d’orchestre qui, durant sa jeunesse, avait fait partie de la fanfare régimentaire sous ses ordres avant de devenir célèbre et donner son nom à la grande salle de la Place des Arts.

Tour à tour violoniste, éducateur, chef d’orchestre et compositeur, J.-J. Goulet aborda tous les genres. En reconnaissance de ses mérites, L’Association canadienne des chefs de musique (Canadian Bandmasters Association) l’élisait à la présidence de l’organisme pour les années 1933 et 1934. À juste titre, le capitaine Joseph-Jean Goulet compte parmi les pionniers de la musique sérieuse à Montréal.

Monsieur J.-J. Goulet est décédé le 8 juillet 1951 à l’âge de 81 ans. Sa dépouille mortelle fut exposée au Mont-Saint-Louis et ses funérailles eurent lieu dans la chapelle de l’institution.

Maj (R) Jacques Guilbault (padre de la famille régimentaire)